Inscrite à l’inventaire supplémentaire des monuments historiques en 1998, la chapelle mérite une attention particulière, tant pour son architecture que pour ses vitraux et l’admirable fresque qui orne son abside.
La chapelle
Mgr Lamy, évêque de Meaux, souhaitait doter le grand séminaire d’une nouvelle chapelle. En 1936, il décide d'en confier la réalisation à l'architecte Henry Faucheur (1889-1961), influencé par les travaux de Dom Bellot, bénédictin et architecte français du début de XXème siècle, en utilisant la brique et le béton armé. Ainsi l’œuvre se distingue par son utilisation raffinée des briques de Montereau aux couleurs chaudes, et sa composition ordonnée et gracieuse met en valeur les vitraux et la grande fresque du sanctuaire. Les travaux furent rapidement menés à bien et la chapelle fut bénie le 4 novembre 1937.
Les vitraux
Les maître verriers Louis Barillet, Théodore Hansen et Jacques Le Chevallier ont élaborés une série de vitraux inspirés des nouvelles expressions artistiques de leur temps. Ils ont ainsi orné de huit grandes figures les fines lancettes de la nef : une Vierge à l’enfant, les quatre Evangélistes, saint François de Sales, saint Vincent de Paul et le curé d’Ars. Tout autour, des carrés sur pointe exposent les litanies de la Vierge et de multiples symboles. Leur dessin, d’une grande force expressive, ponctue la chapelle d’un éclat doré d’allégories et de métaphores. Le bleu, le jaune et le rouge empreignent les murs de la chapelle, quand le soleil rayonne, la revêtant de charme et d’ardeur.
La fresque
La décoration de l’abside est l'œuvre de George Desvallières (1861-1950), un des grands peintres d’art sacré de son temps. Le premier regard peut susciter une pénible sensation, tant on discerne mal les traits de ces visages lacérés qui émergent d’un fond gris-vert plutôt nébuleux. A mieux la contempler, on reconnait vite le grand talent du peintre, et la douceur qui semblait absente s’y révèle peu à peu. Parmi les déchirements se déploient les tendresses, les fleurs, la lumière. La félicité qui semblait absente révèle partout sa présence, au milieu des scènes les plus dures.
A l’origine, le peintre souhaitait figurer la joie, mais les larmes et les sacrifices trouvèrent meilleure grâce auprès de l’évêque qui les jugeait plus nécessaire à l’éducation des futurs prêtres de son diocèse. Au centre, le Christ en croix se dresse, tragique et auréolé de lumière. Dans les cieux déchirés, il remet son âme entre les mains du Père, montrant un visage majestueusement apaisé par le sacrifice pleinement réalisé. Sous les bras de la croix, deux scènes complètent l’exaltation du don absolu : le Sacrifice d’Abraham, résumant toutes les aspirations de l’Ancien Testament vers le sacrifice rédempteur, et la Présentation de Jésus au Temple évoquant l’offertoire de cette messe qu’est la vie de Jésus sur la terre. On reconnaît sur la gauche le diacre saint Etienne expirant sous les pierres des bourreaux, le regard tourné vers les cieux ouverts, et sur la droite une scène d’ordination sacerdotale d’une grande simplicité. A l’arrière-plan se profile le pape Pie XI entouré d’évêques en procession. Enfin, on peut admirer la touchante représentation du fils prodigue revenu à son père, dont les fleurs rouges qui l’encadrent célèbrent la joie d’une vie sauvée.
REGAMEY P.-R., « La chapelle du séminaire de Meaux », in L’art sacré, n° 24 (1937), pp. 133-137.
Anonyme, « Bénédiction de la première pierre de la Chapelle du Grand Séminaire », in La Semaine religieuse du diocèse de Meaux, 68ème année, n° 27, 11-18 juillet 1936, pp. 214-215.
R. T., « La Chapelle du Grand Séminaire », in La Semaine religieuse du diocèse de Meaux, 69ème année, n° 40 et 41, 13 novembre 1937-20 novembre 1937, pp. 322-325, 330-334.
GARREAU A., Georges Desvallières, s.l., Les Amis de Saint François, 1942, pp. 165-166.