Histoire

L’histoire mouvementée de cette bibliothèque méconnue débute en 1808. La Révolution française avait entraîné la fermeture du grand séminaire et la confiscation de sa bibliothèque ; mais, nommé évêque de Meaux en 1805, Mgr de Faudoas s’efforça de la reconstituer en l’installant dans les dépendances de l'ancienne abbaye de Chaage. Par ailleurs, il obtint la restitution de nombreux ouvrages en dépôt à Reims provenant de divers établissements religieux. Rappelons qu’entre 1801 et 1822, le diocèse de Meaux comprenait les deux départements de la Marne et de la Seine-et-Marne : 1700 ouvrages formant 3600 volumes furent ainsi acheminés à Meaux, constituant la base du fonds ancien de l’actuelle Bibliothèque diocésaine. Jusqu’en 1905, elle s’enrichit d’ouvrages de théologie, de philosophie et en somme, de tous les ouvrages nécessaires à la bonne formation des futurs prêtres du diocèse.

En 1906, Rome ayant refusé la constitution d’associations cultuelles prévues par la loi de Séparation des Eglises et de l'Etat, les volumes de la bibliothèque furent déclarés biens sans maître, et mis sous séquestre. Attribués à l’Etat, ils furent en 1911 confiés en dépôt à la bibliothèque de la ville ; mais, faute de locaux suffisants, la municipalité ne put intégrer la totalité des ouvrages. L’abbé Louis Modeste, professeur de morale et de droit canonique au grand séminaire, déjoua avec ruse un possible transfert : il dépareilla les collections et cacha les documents précieux dans les autels latéraux de la chapelle, jouant l’innocence face aux soupçons municipaux. Le grand séminaire de Meaux fut réinstallé rue de Chaage et la grande chapelle actuelle bâtie en 1936. C'est seulement en 1944 que l'abbé Mallet, supérieur du grand séminaire, put obtenir la restitution des volumes, qui prirent le chemin de la rue de Chaage, retrouvant ceux qui avaient échappé à la mise sous séquestre. Dans les années 1950, le chanoine Demaison place la bibliothèque sous le patronage de l’évêque Guillaume Briçonnet, le grand réformateur des études dans le diocèse de Meaux au XVIe siècle.

Mais ce retour à la normale fut de courte durée, le grand séminaire ayant dû fermer ses portes en 1961 par suite de la raréfaction des vocations ; dès lors, bien que considérablement enrichie, sa bibliothèque risquait de devenir sans objet. Une dispersion des collections s’engagea : quelques mesures de sauvegarde furent prises, les manuscrits de Bossuet faisant l'objet d'un dépôt perpétuel à la Bibliothèque nationale, les autres manuscrits étant déposés aux Archives départementales, et le fonds local provisoirement transféré rue Saint-Maur. La détermination de quelques ecclésiastiques fit heureusement obstacle à la liquidation du reste. Au cours de l'hiver 1976 et du printemps 1977, grâce au concours des élèves de l'institut libre d'éducation physique (ILEPS), meubles et livres furent transportés dans la chapelle. Et, depuis le 12 novembre 1977, la bibliothèque est ouverte au public. Fondée en 1986, l'Association des Amis de la Bibliothèque Guillaume Briçonnet subventionne et dynamise son action, notamment en organisant colloques, conférences ou expositions.

MOLIN Jean-Baptiste, « La Bibliothèque Guillaume Briçonnet à Meaux », in Revue d'histoire et d'art de la Brie et du Pays de Meaux, n° 36, année 1985, pp. 71-83.